Commentaires Le corbeau des lavoirs
Bien que la profession de gendarme ne soit ouverte qu'aux hommes à cette époque, une jeune femme, Muriel, fait fonction de secrétaire à la brigade locale et va s'intéresser à ce meurtre. Ayant retrouvé Sylviane, une ancienne condisciple de l'école primaire, toutes d'eux vont enquêter et découvrir que cette affaire est étroitement liée à un passé relativement proche, celui de la deuxième guerre mondiale, quand résistants de la vingt-cinquième heure se livrèrent à une épuration sauvage.
LE CORBEAU DES LAVOIRS est une histoire passionnante à plus d'un titre avec comme élément prédominant une vengeance édictée par un devoir de justice.
LE CORBEAU DES LAVOIRS de Claire Connan Palémon Editions 217 pages 10 €
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1978, Pontrieux, petite commune de ce qui s'appelait encore les Côtes-du-nord, un notable, sans doute le futur maire est retrouvé mort pendant le pardon de Notre-Dame-des-Fontaines. C'est le bedeau et fossoyeur local qui, tentant d'endiguer une inondation, a retrouvé le cadavre.
Quelques jours avant, Muriel, trentenaire est de retour après dix-sept ans de diverses galères dans la ville qui l'a vue grandir. Elle retrouve son amie d'enfance Sylviane. Muriel est nommée en tant qu'agent administratif à la gendarmerie. Pas encore gendarme parce que femme, elle ne peut s'empêcher du fouiner dans l'enquête et met à jour des secrets datant de la guerre concernant sa propre histoire.
Claire Connan est nouvelle venue chez Palémon et dans le roman policier. Si son roman souffre de quelques longueurs qui permettent néanmoins de visiter Pontrieux, il est habilement construit et décrit admirablement la vie d'une petite ville dans les années 70. Enfin, j'imagine, car si j'étais déjà né, j'étais d'une part un peu jeune et citadin dans une cité d'une grande ville. Tout est là : les notables aux fortunes dont l'origine ou la croissance ne sont pas toujours très urfs, les secrets des activités de certains pendant la guerre bien tus et enfouis, les jeunes gens qui aspirent à une vie davantage libérée (mais 68 est passé par là)... Muriel fait partie d'iceux et entend bien mener sa vie sans demander à quiconque son approbation. Elle s'impose par son enquête parallèle et sa découverte d'éléments troublants.
Le roman débute comme une enquête assez légère, une comédie avec une Muriel directe et franche, qui tient tête aux hommes et veut prouver qu'elle est au moins aussi douée qu'eux et légitime pour entrer dans la gendarmerie. Elle est gouailleuse, impulsive et réfléchie et fait preuve d'une force de caractère peu commune. Puis, une fois les personnages installés, l'autrice change de registre et la comédie s'efface laissant place au cœur de l'intrigue loin de la légèreté et de l'insouciance. Le tout donne un roman policier très agréable et bien construit qui se suit aisément et qui donne même envie d'aller faire un tour vers Pontrieux.